I'm here [LB]

Je suis ici depuis toujours. Vous qui ne me connaissez pas, ne croyez pas que je sois une menteuse et que je n'arrive seulement. J'arrive parmi vous. Je connais ces terres, presque par coeur. C'est vous que je ne connais pas et vous ne me connaissez pas. J'ai toujours voulu passer inaperçu, seule avec moi-même. Mais aujourd'hui, j'ai compris. L'union fait la force. La Force, c'est ce qu'il nous faut. Nous devons battre ces Hommes qui nous asservissent. Ils ne nous méritent guère. Nous devons rester libres. Il nous faut alors nous rassembler pour éviter ce qui est déjà arrivé à ma famille. Plus jamais cela! Vous pouvez me compter parmi vous, je suis désormais là.

La jument était debout, un postérieur au repos, entre les fruitiers en fleurs. Les premières pommes de la saison étaient là, appétissantes, mais si dangereuses! Elles étaient encore toutes petites, elles auraient pu être si facilement avalées sans être mâchées et ainsi étouffer l'imprudent équidé qui les auraient gobées... Sans compter qu'elles étaient d'une acidité dangereuse. Les coliques n'étaient pas loin, pour l'imprudent qui oserait y toucher avant l'heure...

En tout cas, Last, elle, ne s'y intéressait guère. Elle somnolait sous le soleil de plomb d'un début d'après-midi. Par cette chaleur, il n'était guère étonnant que les feux de forêts se fassent presque quotidiens. Pourtant, celui qui avait tout ravagé était frais dans les mémoires. Il avait fait des dégâts matériels, mais pas en vies, heureusement. C'est cet événement qui avait poussé la pie à rejoindre les troupeaux. Ils étaient si nombreux avant! Désormais, il n'y en avait plus que deux. Sunny Diamond, le séducteur espagnol, et Cloud, le Mustang rebel se disputaient les équidés. Les juments avaient un penchant pour le Clan de Sunny alors que les étalons rejoignaient plutôt Cloud.

Elle rêvassait, la jument. Elle somnolait, en pensant à cela. Elle serait de celles qui rejoignaient Diamond, elle le savait. Et elle était presque sûre qu'elle ne serait pas rejetée. Pourquoi se compliquer la vie?

La saison avançait, lentement, inexorablement. L'enfer s'était abattu sur le troupeau, avec son lot d'insectes insupportables, de chaleur insoutenable et de prédateurs sans pitié. C'était tous les ans pareil, l'été. Seulement celui-ci était tout particulier, c'était le premier été que Sunny passait en tant que chef de troupeau. La saison était plus rude encore avec cette nouvelle responsabilité qui pesait sur lui. Néanmoins, c'était cette responsabilité qu'il avait désiré plus que n'importe quoi d'autre, et il l'assumait avec joie, c'était le but de son existence, il s'accomplissait ainsi. Son troupeau était encore plus que modeste, à peine quelque jument et une seule pouliche - son premier enfant d'ailleurs. Il faut dire que l'étalon n'avait encore que trois ans, la fougue de la jeunesse mais pas encore l'expérience. Heureusement, son instinct et sa connaissance parfaite des lieux compensait ce léger manque. Il avait emmené ses quelques juments dans ce verger bien connu, dans le but de désaltérer un peu ses juments. A cette heure de la journée, les abords de la rivière étaient bien trop dangereux, tous les prédateurs s'y désaltéraient. Il avait donc espérer trouver des aliments riches en eau pour subvenir aux premiers besoins de ses juments, en attendant de pouvoir se rendre à Fresh River à une heure moins exposée.

Seulement à son arrivée, il avait été bien déçu. L'endroit était dépouillé, tous les fruits mangeables avaient disparu, il ne restait que les pourris, et les baies toxiques. Mais avec cette chaleur, il était exclu d'aller ailleurs, les juments étaient trop fatiguées, et la pouliche ne pourrait pas suivre sur une plus grande distance sans avoir bien bu. Quoique, heureusement pour elle, elle disposait encore du lait de sa mère, même s'il se faisait plus cireux en cet été sec. Sunny observa les environs, l'herbe était encore présente, pas encore trop grillée, assez nourrissante. Les arbres fruitiers bien feuillus offraient de larges plages d'ombre où les juments pourraient se reposer. Cet endroit n'était finalement pas si décevant. Le troupeau commença à s'éparpiller un peu, quelques juments se mirent à brouter, la nouvelle arrivée Sunday légèrement en retrait des autres, le temps de s'intégrer aux autres juments. L'étalon doré prit place à l'ombre avec Upsilone sa jument de tête, et sa petite Westlife. Il leur laissait l'herbe tendre, se contentant des brins les plus secs. Il ne brouta cependant pas longtemps, outre sa queue qui fouettait doucement la tête d'Upsi' qui broutait, son corps était immobile, il regardait, il écoutait.

Quelqu'un venait. Malheureusement aucune odeur ne lui parvenait, le vent était complètement tombé. Ce manque d'information lui sembla un péril, il se détacha du minuscule harem pour venir directement à la rencontre du danger potentiel. Pour l'évaluer et aviser au mieux pour ses juments. Il se trouva que c'était seulement, une nouvelle jument. En s'approchant il sentit qu'elle était en chaleur, comme toutes les autres. En somme, tout sauf un prédateur ! Il s'approcha lentement, se redonnant un peu de panache malgré la chaleur. Son poil brillait au soleil et à sa transpiration, sa queue était levée haut. Il s'arrêta quelques mètres à peine devant la jument. Il la détailla, elle avait une magnifique robe tachetée. Il n'avait pas encore de jument comme ça dans son harem, et pourtant, il les trouvait si belles ! Il garda son attitude charmeuse.

" - Eh bien, seriez-vous une jument en détresse ? Je me nomme Sunny Diamond, étalon protecteur, pour vous servir. Puis-je faire quelque chose pour vous ? "

Il secoua alors vigoureusement la tête, autant pour chasser les insectes que pour faire virevolter sa crinière ivoire. Il n'avait plus rien de la nonchalance accablée de chaleur de quelques minutes auparavant.

La jument, complétement abattue par la chaleur, vit un étalon couleur de soleil avancer vers elle. Luisant sous le soleil qui avait pâle allure à côté de lui, il s'avançait, fringant. Elle releva la tête pour le regarder s'avancer avec cette fierté qu'il avait en lui. Elle secoua la tête pour chasser son toupet emmêlé de ses yeux et vérifier qu'elle n'avait aucune halluciantion. Non, il était bien là, beau comme un Dieu cet entier là. Il avait le don d'attirer l'attention de la pie. Et lorsqu'il parla, d'une voix enjôleuse et terriblement séductrice qui lui allait à merveille, Last' l'écouta, toute ouïe. Elle lui répondit, après un rapide battement de paupières, d'une voix qu'elle voulait assurée et douce à la fois:

-Enchanté Sunny Diamond. Pour ma part, je suis Last Chance, certe jument, mais pas en détresse.

Elle fit un pas en sa direction, de sa souple démarche féline qui était si naturelle pour elle. Elle s'arrêta et posa un regard intéressé sur cet étalon.

-Quel genre de protection apportez-vous à des juments en mal de compagnie?

Elle pivota légèrement pour atteindre une intéressante touffe d'herbe, exposant sans y réfléchir son flanc coloré à l'étalon. Enfin, après tout, cela n'était guère qu'un flanc! Ce n'était pas sa croupe, non plus! Elle happa la touffe d'herbe qu'elle mâchonna en prenant bien son temps avant de relever la tête pour observer ce séduisant garçon qui avait eu la galanterie de venir se présenter plutôt que d'attendre qu'elle le fasse. Tout à fait charmant! Elle était, et c'était bel et bien le mot à utiliser, charmée par ce séduisant étalon dont elle avait maintes fois entendu le portrait mais que jamais elle n'aurait imaginé si parfait, pour le peu qu'elle l'eut connu.

Vous, charmant garçon, n'êtes point comme les autres. Vous avez cette obligeance envers les juments que tant n'ont pas! Est-ce encore le feu de votre impétueuse jeunesse ou vraiment ce caractère dont jamais vous ne vous départirez? Quoi qu'il en soit, vous m'avez conquise par votre présence. Je crois ne jamais avoir autant apprécié un mâle d'emblée. Prenez cela comme un compliment, je ne suis pas de ces juments faciles. Et poutrant, je ne suis pas compliquée...

Sunny observait attentivement les moindres détails de l'attitude de la nouvelle jument. Ça aussi faisait partie de ses fonctions d'étalon... Il se rendit vite compte qu'il ne la laissait pas indifférente. Quelques battements de cils, une voix presque neutre mais en réalité plutôt douce et charmée. Mmmhh elle était pour lui celle-là ! Il allait tout faire pour lui mettre le grappin dessus. Mais il devait se rendre à l'évidence, depuis l'incendie, il lui était beaucoup plus facile d'amener des juments à lui. Avant l'incident, elles étaient toutes réticentes à se soumettre à lui, elles cherchaient des compromis, tergiversaient trois plombes avant de se décider... alors qu'à présent, les juments étaient séduites dès leur premier contact, et alors il n'avait rien de plus à faire qu'à leur expliquer clairement les clauses du contrat. C'était beaucoup plus facile qu'avant en somme. Peut-être l'expérience l'avait-il rendu plus attirant qu'avant ? Peut-être était-ce l'âge qui le rendait plus séduisant ? (il avait pris quelques mois, attention !) Ou alors, peut-être que c'était simplement l'incendie qui poussait les juments à chercher une situation rassurante et sécurisante, auprès de l'étalon. Et comme statistiquement, il y avait une chance sur deux qu'elles viennent à lui... Dans les faits, c'était bien différent. Cloud rassemblait l'essentiel de la population équine de la région. La force de l'âge sans doute, il n'était pas beaucoup plus âgé, mais plus expérimenté, et surtout plus respecté car beaucoup plus impressionnant... Sunny nous ferait presque un complexe d'infériorité à côté ! C'est pourquoi il évitait un maximum la comparaison. Il savait que si le combat avait lieu entre les deux, Cloud l'écraserait à plate couture. Il fallait donc éviter l'altercation à tout prix. Et pour l'instant, il réussissait plutôt bien ! La preuve, Sunny voyait même son troupeau gonfler lentement mais sûrement...

Last Chance... très, très séduisant. Il n'allait vraiment pas la lâcher, celle-là ! Il adorait aussi son allure à moitié féline, son air assuré... tout ce qu'il aimait. Elle allait rapidement compter parmi ses favorites... même si sa jument de tête garderait sa place.

" - Je vous apporterai ce que vous désirerez en temps et en heure. Concrètement, je vous éloignerai des dangers de la nature, je vous protègerai des éléments et des prédateurs. Je vous conduirai là où vous trouverez à vous nourrir et à vous abreuver en toute sécurité. Tout cela, je vous l'offre sans vous en rendre compte. Pour le reste, c'est à votre guise. Si vous désirez de l'affection, un petit, je vous l'offrirai avec plaisir. Si vous préférez la tranquillité et la solitude, j'accorderai votre voeu. Et surtout, vous serez libre de partir vers de plus verts pâturage si ma compagnie ne vous convient plus. Je ne tenterai à aucun moment de vous retenir par la force. Vous resterez libre de mener votre vie comme vous l'entendez. Voilà ce que je puis apporter à une jument telle que vous. "

Et quelle jument ! Il en bandait d'avance. Il était resté droit, la tête et la queue relevées, mettant en valeur ses longs crins d'argent. La chaleur extérieure il ne la sentait plus, seule comptait sa chaleur intérieure, parce-que ça bouillait là-dedans ! Quel meilleur moyen de s'approprier une jument que de la couvrir...

Elle battit une fois de plus des cils en voyant l'étalon l'observer. Elle était vraiment sous son charme ravageur et pensait bien faire en sorte que lui aussi soit sous son charme de jument pie à l'allure fière et déterminée. Elle battit ses flancs de la queue avec douceur, tout en le regardant de ses grands yeux doux et sombres qui jouaient avec la couleur avec sa tête claire et tâchée de flocons. On ne remarquait qu'eux, ses deux grands yeux, qu'elle posait avec un interêt non caché sur le magnifique étalon de soleil aux longs crins d'argent.

La jument crut voir un instant qu'elle ne laissait pas indifférent le bel étalon. D'ailleurs, lorsqu'il lui exposa les "clauses du contrat", elle l'écouta avec délice. Cette voix qui était sienne était si adorable à ses oreilles! Et les conditions aussi, étaient bonnes. Très bonnes, même, car elle ne serait pas opprimée. Oui, c'était intéressant, un étalon prêt à tout donner à une jument. Mais à ce que savait Last Chance, il avait une jument de tête. Enfin, elle ne comptait pas la "détrôner", mais plutôt à entrer dans les favorites du mâle. Quoi que, si elle devenait jument de tête, elle n'en deviendrait que plus fière. Elle attendit un instant. De sa voix douce et sûre, elle lui répondit, après s'être accordé un instant de réflexion.

-Voilà qui m'intéresse bien fortement. Surtout si vous y êtes vraiment prêt. Voyez-vous, je connais la solitude et l'apprécie, mais par moment l'affection me manque. Je ne suis pas si facile à comprendre. Seriez-vous prêt à embêter une demoiselle telle que moi, si compliquée?

Elle secoua la tête latéralement pour que son toupet s'écarte de son front et de son champ de vision. Il était trop agréable à regarder pour qu'elle ne laisse pas son regard sur lui. Autant profiter d'un si beau et jeune mâle...

Vous, vous qui parlez si bien, je vous apprécie comme il ne l'est pas permis en se connaissant si peu. Je ne suis pourtant pas un jouet, mais cela vous le comprendrez bien assez vite. Néanmoins, je suis prête aux efforts pour vous. Ma bouille d'ange me lâchera le jour où je me sentirai trahie, mais j'espère qu'il n'en sera jamais ainsi. Je veux rester libre et sauvage, je sais que vous me laisserez ma liberté tout en empêchant un autre de me la voler. Merci d'être là, vous à qui, quelque soit la réponse, je pense me livrer. Il n'y a pas à redire, vous me faites de l'effet...

Le discours de Sunny sembla bien plaire à la jolie jument. C'était exactement ce qu'il avait pensé un peu plus tôt, sa vie était devenue tellement facile ! Il n'avait qu'à faire les yeux doux, secouer un peu ses crins et débiter son discours habituel pour les attirer à lui comme des aimants. Il y prenait goût totalement cette fois, c'était indéniable. S'il pouvait enrôler toutes les juments de la terre comme ça ! Son but était évidemment d'en réunir le plus possible comme tout étalon qui se respecte, et pour cela il usait de moyens pas forcément très respectables. Mais dans la mesure où son discours était sincère, pouvait-on vraiment le blâmer de savoir manier les mots ?

Et puis elle demanda s'il était prêt ou non à embêter une jument comme elle... et comment ! Il ne demandait que ça ! On aurait pu deviner aisément le sourire large, presque carnassier, s'il avait été un homme doué de la faculté de sourire. Heureusement ce n'était pas le cas, il aurait pu faire peur sinon ! Les pulsions de la nature mes amis... les chevaux font ça sans arrière-pensée, c'est ça qui rendait notre étalon d'or et d'argent aussi séduisant...

" - Je suis prêt à satisfaire le moindre de vos désirs ma chère... je ne recule devant aucune complication quelle qu'elle soit ! "

Et comment ! Ca n'était pas une jument compliquée qui allait le décourager, bien au contraire... enfin un peu de piquant au coeur de tant de facilité, il ne demandait que ça ! Dieu que c'était excitant la vie d'étalon ! Si son père avait pu lui raconter ça... mais il avait du tout apprendre par lui-même, n'ayant jamais connu le moindre étalon dans sa vie. Peut-être était-ce à cause de ça qu'il était devenu un étalon respectable sur le tard, et que Cloud l'avait coiffé au poteau ? Bah, il avait bien le temps de se rattraper !

Il commença donc à embêter la belle selon ses propres désirs. Désirs qu'il partageait au centuple évidemment, il l'adorait déjà ! Il la voulait à ses côtés, très proche, le plus possible de lui... encore un effleurement flanc contre flanc, et l'étalon partit au petit trot, tout petit trot, passage même, figure naturelle permise par sa race. La queue relevée en panache encore plus qu'à l'accoutumée, la tête haute, les muscles roulants, il paradait autour de la jument. Il la frôlait, la faisait tourner à droite, à gauche, faisait le beau devant elle... un véritable show, démonstration de sa force et de sa beauté. Une vraie parade nuptiale quoi ! Quand il disait qu'il la voulait, ce n'était pas qu'à moitié... il la voulait toute entière, telle qu'elle était, et il lui tournerait autour ainsi jusqu'à temps qu'elle lui permette de lui monter dessus ! Puisqu'elle lui avait donné le feu vert, il n'allait pas s'en priver...

La jument remarquait petite à petit que l'étalon était aussi sous le charme. Enfin, pour lui, c'était différent, il semblait désirer la pie de tout son être. En elle, elle sourit. Elle aimait que Sunny veuille l'avoir près de lui. Elle en était fière aussi, car elle savait qu'il avait quitté ses juments, tapis sous l'ombre des arbres, pour venir la voir et se présenter à elle dans l'espoir de la conquérir. Il avait réussi, elle était conquise! Elle l'écouta parler, une fois de plus, les oreilles pointées vers lui avec une douceur extrême.

Elle ne lui répondit pas. S'il l'était possible, un sourire ravageur et félin aurait étiré ses lèvres satinées. Un sourire qui aurait fait tomber n'importe qui. Mais Sunny Diamond n'était pas n'importe qui. C'était désormais le dominant de la jument, qui espérait bien lui plaire au moins autant qu'il lui plaisait. Mais à voir la façon dont, ensuite, il lui effleura les flancs des siens avant de passager pour l'encercler, elle comprit que oui, elle l'intéressait franchement. Elle se laissa faire, acceptant que par moment il la bouscule dans cette danse séductrice. Par moment, elle pivotai contre son sens, battant l'air de sa queue et piaffant. Elle semblait alors ne plus toucher le sol alors que ses longs crins emmêlés voletaient.

Elle prenait un plaisir qui, pour les humains, serait presque malsain, à regarder l'étalon rouler de sa musculature à dévorer toute entière. Elle posa son regarder sur son être dans son entiereté avant de darder son regard uniquement sur certaines part de son anatomie généreuse. Elle le détaillait, le dévorait du regard. Il ferait un formidable amant s'il trouvait le temps de la satisfaire en cajôleries. De plus, elle se sentait prête mentalement à avoir un petit et il ferait un père merveilleux, c'était sûr et certain.. Il serait au moins attentionné avec sa progéniture, ce qu'il faudrait. La jument se décida.

Elle s'arrêta soudain et regarda l'étalon droit dans les yeux, pleine de désir. Son regard était tout ce qu'il y avait de plus expressif et de plus explicite. Elle battit un instant des paupières avant de regarder ses flancs. Il n'y avait rien à dire, s'il n'était pas bête, l'étalon comprendrait. Or, il avait l'air extrêmement intelligent. Tant que ce n'était guère qu'un air, cela ravierait la jument! Pourtant, s'il comprenait et le voulait, il faudrait qu'il se montre à la hauteur de la jument. La douceur et la tendresse étaient de rigueur, pour avoir ses faveurs! Car elle était d'accord, mais il restait pour elle des conditions, qu'elle ne doutait pas que le mâle remplirait avec facilité. Son port de tête montrait qu'elle n'était pas prête à faire cela simplement parce qu'elle se soumettait, mais plutôt parce qu'il serait, pour elle, un véritable honneur, une fierté qui viendrait gonfler son coeur de future mère.

Vous le beau garçon, vous m'avez conquise. Je m'en remets à vous. Il vous faudra tout de même me prouver que vous tenez à moi plus qu'à une simple tête dans votre harem et pas comme une simple poulinière. Je ne serais pas de ces juments qui se laisseront faire durant toute leur vie, même si à vos côtés toujours je pense rester.

Last Chance ne se fit pas prier et entra rapidement dans la danse de Sunny. A eux deux ils formaient un ballet sans pareil, un humain découvrant ce spectacle en aurait eu le souffle coupé ! Les longs crins ivoire aux reflets d'argent de Sunny s'entremêlaient à ceux de la belle jument. L'or faisait étinceler l'appaloosa, les chairs se frôlaient et s'attiraient inexorablement.

Et puis la danse magique s'arrêta d'un coup. Comme si une transmission de pensée avait eu lieu, les deux animaux se figèrent en même temps. En réalité, la jument s'était arrêtée une fraction de seconde avant l'étalon, mais l'oeil humain n'aurait pas perçu cet écart. Tant Sunny était attentif et entièrement concentrée sur Last Chance, il adaptait son comportement aux attitudes de la jument à la seconde près. C'était sa façon de se montrer réceptif aux désirs animaux, et surtout aux besoins de son harem... Tous ses sens étaient accaparés à la jument, même si ses excellents réflexes lui auraient permis de déceler un danger même à cet instant. Son regard de braise était rivé vers celui de la belle. Il la voulait plus encore, et avait bien du mal à se retenir de se jeter sur ses reins. Tout son corps bouillait, il aurait pu exploser de désir à l'instant. Les deux restèrent immobile un court instant, mais qui pour Sunny semblait une éternité tant l'attente était dure. Finalement, le regard brûlant de la belle et son battement de cils lui indiqua qu'il pouvait laisser libre court à ses ardeurs. Immédiatement, il s'approcha doucement de la jument, caressant ses naseaux du bout du nez, se frottant lentement le flanc contre le sien. Ce n'était plus la parade vive de séduction mais la sensualité à l'état pur précédant l'acte. Il savait plus par expérience que par instinct que sauter sur une jument sans crier gare n'était guère apprécié par la gente sauvage féminine.

Il caressa ainsi l'intégralité du corps de la jument, ses naseaux soufflant bruyamment. De la fumée sortait presque de ses naseaux tant l'intégralité de son être bouillait. Son regard de braise croisa celui de la jument une dernière fois, les yeux de l'étalon avaient perdu toute mesure, ils étaient d'un noir d'encre profond : ils étaient devenus fous de désir. Après cette longue et patiente approche, Sunny ne parvint plus à se retenir. Il se positionna à l'arrière de Last Chance et, doucement, il se leva sur son arrière main pour, délicatement, poser ses antérieurs de part et d'autre de ses flancs. Un coup de pied décoché par la jument pouvait encore le chasser, mais il ne restait plus que quelques secondes pour cela...

Les deux chevaux dansaient, dansaient, deux diables d'une beauté à couper le souffle qui virevoltaient, voltaient, tournoyaient, se frottaient. Une danse sauvage et improvisé, un plaisir de l'oeil et de l'âme pour n'importe quel être humain qui serait passé par là. Corps contre corps, souffle mêlés, leur odeur sauvage ne faisant plus qu'une et celle de l'étalon imprégnant désormais largfement celle de la jument, la faisant ainsi sienne flottant dans l'air, ils n'étaient qu'une masse mouvante et ondulante, donc chaque composant tentait de séduire l'autre avec des mouvements d'une ardeur tout simplement magnifique. Lorsque la jument pila soudain, l'étalon en fit de même, au temps prêt.

Cette danse séductrice s'était arrêté sous demande implicite de la jument qui, lasse de tout cela, préférait ne plus inutilement perdre de temps. La queue légérement panachée, elle regardait les gracieuses formes masculines qui, un instant plus tôt encore, se mouvaient contre les siennes, plus fines, plus félines aussi. Il n'y avait pas à dire, Last Chance était bien prête à se laisser aller pour lui, cet entier doré, bien plus luisant que ce court-sur-pattes de Cloud qui se croyait malin avec son grand troupeau. Celui de Sunny serait, dans quelques années, bien plus prospère grâce à ses propres petits.

La pie sentait l'étalon bouillonner, un regard désireux posé sur le sien. Elle appréciait de se faire désirer ainsi! Et elle aussi bouillait intérieurement, jusqu'à ce que l'étalon, accédant à sa requête implicite, commença avec délicatesse à "entrer en terrain inconnu". Phrase peu délicate, accordons-le, mais qui résumait fort bien la situation, bien qu'avec un peu d'avance. Lorsque Sunny effleura ses naseaux duveteux des siens, Lats relevant la tête et lâcha un couinement de jument, bien caractèristique, avant de baisser de nouveau l'encolure et de se laisser faire. Il commençait magnifiquement, l'ardent mâle couleur de Soleil! D'ailleurs, il continua à ravir la femelle en caressant ses formes qui, dans peu de temps, viendraient se gonfler si tout était normal, d'une manière à la fos douce et sensuelle. Tout ce que Chance voulait, en cet instant où elle serait alors pantin des pulsions masculines, de son plein gré tout de même.

La femelle laissa l'étalon se placer derrière elle et lui monter sur le dos. Elle savait qu'elle pouvait encore faire marche arrière, mais elle savait qu'elle était déjà allée trop loin pour cela. Elle gonfla donc les côtes avant de lâcher un soupir, aise et soumission mêlées bien étrangement. Elle se résignait à porter ce petit, à rester auprès de Sunny Diamond et de lui offrir ce dont il aurait besoin, mais se montrait heureuse que le mâle l'appréciat au point de vouloir lui offrir un petit. Elle espéra, à cet instant, se montrer digne du dominant.

Sunny vous me comblez! Notre union aura un fruit que je ferai mûrir jusqu'à ce qu'il éclose pour pouvoir faire votre fierté. Vous détenez ma loyauté dans une boite enchainée à votre encolure, mon coeur n'est pas loin, encore un peu sauvage et vagabond, mais surement toujours le restera-t-il. J'ai toujours été plus indépendante que les autres juments, mais aussi plus loyale qu'une écrasante majorité. Nous aurons à parler, vous et moi.

C'était dans cette position que l'égo de l'étalon chef de troupeau explosait totalement. C'était sa position de prédilection, celle pour laquelle il était né et s'était battu toute sa vie. C'était dans cette position qu'il accomplissait sa destinée. C'était ainsi qu'il montrait l'étendue de ses talents, qu'il était véritablement roi majestueux et tout puissant de ces terres. Un roi façonné par la nature qui accomplit juste ce pour quoi il a été créé. Le tout avec un panache entièrement dénué d'états d'âme et de tromperie. La puissance de l'étalon à l'état le plus pur qui soit. Il faisait alors ce qu'il avait à faire, ni plus ni moins. La loi de la sélection naturelle, l'étalon le plus robuste avec la jument la plus intelligente, les chevaux les plus beaux qui s'attirent inexorablement, pour faire perdurer le panache de l'espèce.

Le devoir fut rapidement accompli, Last s'était laissée faire très sagement, comme une jument sûre d'elle et fiable. Sunny redescendit sur ses quatre fers (même s'il n'était pas ferré #SBAFF), troisième position naturelle pour lui (la deuxième étant la position cabrée sur les postérieurs pour combattre et faire fuir les rivaux ou prédateurs). Il était fier d'avoir annexée une telle jument à son harem, elle avait été d'une extraordinaire confiance et d'un calme olympien. Celle-ci serait l'une des juments les plus parfaites de son troupeau, il l'aimait encore plus qu'avant. Elle s'était vraiment montrée digne de lui, et il ne pouvait nier qu'il était un peu difficile quant au choix de ses juments. Or elle s'était montrée plus qu'à la hauteur, elle s'était hissée au rang des meilleures. Certaines de ses juments qu'il affectionnait bien n'avaient pas son panache et son ardeur. C'était certain, elle comptait déjà parmi ses préférées.

Il marcha doucement aux côtés de Last, ses membres d'espagnol se levant assez haut. Il tendit l'encolure pour toucher le nez de la jument de ses naseaux noirs et doux. Puis, en grand séducteur bavard qu'il était, il ne put s'empêcher de se remettre à parler.

" - Je ne puis m'empêcher de vous remercier de m'avoir accorder cet honneur. Car je suis absolument ravi d'accueillir une jument telle que vous dans ma famille. "

La jument se laissa faire, fermant juste les yeux, tout de même un peu perdue, sans pour autant perdre ce qui faisait qu'elle était sûre de vouloir ce petit. Elle ne put s'empêcher de tout de même être soulagée sans en avoir l'air lorsque cela fut fini et que l'étalon descendit pour se mettre à sa hauteur. Elle le laissa effleurer ses naseaux et lui rendit ce contact en se pressant à lui, comme une frêle jument. Elle ne recherchait que son contact, la chaleur de son flanc contre le sien qui, bientôt, serait arrondi avec l'arrivée de ce poulain.

-C'est vous qui m'avez accordé un honneur, Sunny. Celui de bien vouloir de moi dans votre troupeau. Et, j'y pense, maintenant que nous faisons partie de la même famille, comme vous le dites si bien, je crois que ce respectueux vouvoiement n'est plus tant de rigueur.

La jument parla d'une voix douce en frottant sa tête contre le dominant. Elle se tut un instant, avant de reprendre, toujours aussi douce.

-J'espère être bien acceptée dans le troupeau, pour que ce petit ne soit pas chassé par les autres jeunes. Enfin, je me ferai toute petite, mais sait-on jamais, si j'étais mal-venue au sein du groupe... Je prendrai des distances. Je tiens à ce que ce soit dit, et je n'ai rien contre les autres chevaux, mâles ou femelles.

La jument emboita le pas du mâle couleur de soleil, calme, détendue. Elle lui faisait toute confiance et aurait pu fermer les yeux et se laisser conduire par l'odeur musquée dont elle s'imprégnait peu à peu. Elle se dit que, peut-être, tous deux rejoindraient le troupeau mais elle aurait aimé profiter encore de cette escapade solitaire avec un mâle aussi séduisant.

Last semblait vouloir encore se rapprocher de Sunny. Celui-ci se blottit contre elle quelques instants, la voyant subitement plus fragile qu'elle ne l'était un peu plus tôt. Il est vrai que l'acte était éprouvant, car même si lui n'était nullement essoufflé ni transpirant, ce n'était pas non plus lui qui avait porté le plus gros poids sur ses reins ! Aah, quel courage... L'étalon fut un peu amusé par la remarque de Last Chance. C'était toujours à ce moment là que les juments demandaient plus de simplicité de lui. Mais cet air de séducteur était dans sa nature, et même les juments qu'il possédait depuis longtemps avaient droit à ce discours. Il concédait bien sûr à les tutoyer lorsqu'elles l'exigeaient, sans quoi il serait resté au vouvoiement, plus en marque de respect que pour imposer une distance entre eux. Il s'inclina alors légèrement devant la belle jument en marque d'assentiment, ses longs crins d'argent ondulant vers le sol.

Les petites marques d'affection entre les équidés se multipliaient, tandis que Sunny écoutait d'une oreille attentive (mais d'une seule, l'autre étant trop occupée à rester à l'affut) les affirmations et les craintes de sa nouvelle jument. L'étalon doré ne put que lui répondre avec franchise, chaque arrivée d'une nouvelle jument au sein du troupeau était un événement plus ou moins accepté, qui se déroulait généralement de la même façon à chaque fois, à quelques nuances près. Il pouvait alors lui dire à peu près exactement ce qui l'attendait, néanmoins il fut ravi d'apprendre que cette jument n'était pas du genre emmerdante avec les autres. Il tenait beaucoup à la cohésion du troupeau, c'était son rôle de l'assurer, mais c'était bien plus facile lorsque les juments y mettaient également du leur. Pour l'instant il n'avait eu à faire face qu'à des petits soucis sans grande importance, il faut dire qu'il avait dans le troupeau quelques juments à fort caractères qui se cherchaient parfois des poux. Il fut donc bienheureux d'entendre que Last ne lui poserait pas de problème supplémentaire. Décidément, elle avait vraiment tout pour lui plaire !

" - Je suis vraiment ravi de l'apprendre. A ton arrivée dans le troupeau, tu seras peut-être un peu mise à l'écart et méprisée par les autres juments, mais ce n'est que la conséquence de l'arrivée d'une inconnue. Au fil du temps, elles apprendront à te connaître. Si cela peut te rassurer, tu seras je pense mieux intégrée que d'autres juments du harem. Cela mettra peut-être un peu de temps, mais je suis certain que certaines de mes compagnes deviendront vite tes amies. "

Il pensait à des cas bien particuliers à cet instant. Il songeait par exemple qu'elle deviendrait vite amie avec Upsilone, car les préférées de l'étalon s'entendent généralement assez bien. De plus, la jument isabelle avait bon caractère et était ouverte à toutes les arrivées au sein du harem, chaleureuse avec toutes les juments et pas jalouse. En revanche, il pensait à Sunday, la petite jument blanche qui n'avait pas été très bien acceptée par les autres, probablement à cause de sa petite taille et de sa robe peu commune dans ce territoire. Elle avait intégré le troupeau depuis un mois et faisait toujours l'objet de l'animosité de la plupart des juments. Sunny ne s'occupait pas vraiment de ces petits conflits interne, il veillait juste à ce que personne ne s'éloigne trop. Car un troupeau qui s'éparpille est un troupeau qui se disloque. Quant aux affinités entre chacune, ce n'était pas vraiment son problème.

Last Chance et Sunny se mirent alors en route vers le troupeau. Leurs pas étaient lents, ils avançaient flanc contre flanc, la queue de chacun effleurant le corps de l'autre pour le protéger des insectes si agaçants en cette saison. Leurs chairs qui se frôlaient étaient la marque indéniable d'une véritable affection l'un pour l'autre, nul n'aurait pu s'y tromper. Une fois arrivés au troupeau, Sunny laissa sa nouvelle compagne faire connaissance avec les autres juments. Il partit au petit trot, tête haute, la queue relevée qui flottait comme une bannière au vent. Il fit le tour des juments, les encerclant, les faisant avancer, reculer... il serpentait entre elles pour vérifier qu'aucune jument, aucun poulain ne lui avait échappé en son absence. Lorsqu'il se rendit compte que son troupeau était bien présent dans son intégralité, il permit aux juments de s'éparpiller un peu plus pour brouter, et revint aux côtés de Last, gardant un oeil sur le harem en entier.

L'étalon doré se colla un instant à la femelle sabino qui était plutôt fatiguée. La chaleur ni était pas étrangère, ainsi que ce qu'il venait de se passer. Mais elle tiendrait, ce n'était qu'un petit coup de fatigue passager, comme parfois on peut en avoir au milieu d'une journée plus dure que ce que l'on avait prévu au matin, en s'éveillant d'un sursaut car le soleil avait déjà percé. Pourtant, Last Chance n'était pas prête de se laisser abattre par le soleil, pas alors qu'elle aurait surement besoin de montrer qu'elle ne se laisserait tout de même pas marcher sur les sabots au milieu du troupeau, sans pour autant embêter son petit monde. Elle fut contente néamoins de remarquer que son dominant inclina l'encolure pour lui signifier qu'il était d'accord pour arrêter ce vouvoiement trop respectueux au goût de la jument.

-J'espère juste qu'on ne me jugera pas trop vite. Je n'aime pas être jugée sans que l'on me connaisse, tout comme je ne juge moi-même pas trop au premier abord. Mais j'essayerai de mettre mon égo dans le fond de mon esprit dans un premier temps, pour t'éviter les ennuis et les conflits internes. J'imagine que c'est le genre de situations qui doit t'excéder, les querelles qui n'ont pas lieu d'être.

La jument se mit tranquillement en marche, contre l'entier. Elle l'appréciait beaucoup beaucoup! Et nul n'aurait pu nier que cela était réciproque, à les voir marcher flanc contre flanc, l'un chassant les mouches de l'autre, comme si déjà ils se connaissaient par coeur, comme deux compagnons de longue date. Pourtant, au matin-même de cette journée, aucun n'avait entendu parler de l'autre, sauf peut-être la jument qui avait vaguement entendu une description de l'étalon. Et tandis qu'ils cheminaient ainsi, Last posa la seule question qu'il lui restât à poser après la discussion que tous deux avaient eut.

-Quand tu parles de certaines de tes compagnes, peux-tu m'en dire plus, pour que je sache à qui éviter de me frotter dans un premeir temps et qui je peux aller voir plutôt vite, pour créer des affinités? Je suis du genre assez directe, mais solitaire et je crois que si je suis trop repoussée, je risque de m'éloigner, et je pense que cela reste à éviter...

Et, tout en parlant, ils arrivèrent près du trouepau. Là, Sunny s'écarta de sa nouvelle conquête pour aller inspecter son harem, fier. La nouvelle venue ne put s'empêcher d'observer autour d'elle, aux aguets. Elle ne remarqua qu'une pouliche, une petite palomino, comme le dominant. Il n'y avait, à l'odeur et à la vue, aucun signe de la présence d'un étalon, pour le moment. Sunny Diamond avait-il rejeté tous les mâles, ou aucun n'était-il venu le rencontrer pour entrer dans le troupeau? C'était là une question fort intéressante pour Chance, qui se garda n'éanmoins de la poser et ne participa pas au mouvement de foule provoqué par l'étalon. Non, elle attendit simplement. Et il revint vers elle, aux aguets. Elle redressa la tête pour hennir doucement.

Last Chance avait très bien compris le point de vue de Sunny. En effet il appréciait la paix dans un troupeau et les querelles ne lui plaisaient pas beaucoup. Mais il admettait aussi que c'était dans la nature des juments, certaines s'apprécient, d'autres non, il savait aussi se détacher de tout cela. A tel point qu'il ne se sentait nullement concerné par tout ceci, sauf si cela pouvait nuire réellement à la cohésion du troupeau. Mais il pensait, peut-être à tort, que l'attachement que chaque jument avait pour lui était plus fort que les querelles qui pouvaient les animer. Comme un amour fédérateur autour de lui, plus fort que les discordes entre gonzesses. Ah ! Comme c'est beau de rêver !

" - Tu sais, elles ne te jugeront pas au premier abord. Elles se méfieront seulement peut-être un peu de toi, comme on se méfie de l'inconnu au sein d'un groupe qui fonctionne déjà tel qu'il est. Et encore, cela est le pire scénario qu'on puisse imaginer, peut-être qu'elles vont seulement t'ignorer un peu au début, ou te manifester de la sympathie dès ton arrivée, nul ne peut le prévoir. "

En effet, si Sunny connaissait bien chacune de ses juments, il admettait qu'il ne pouvait en aucun cas prévoir leur réaction face à une nouvelle arrivante. Parce-qu'il ne s'était jamais vraiment occupé des affinités entre ses juments. En l'occurrence, il consentait à faire un effort et à réfléchir au comportement des juments envers Last car il voulait qu'elle se sente bien auprès de lui. Le reste n'était vraiment pas son problème. C'était la part de liberté totale qu'il accordait à ses juments, celle de se débrouiller entre elles et de ne pas intervenir, sauf lorsque la cohésion du harem était en péril. Ceci dit jusqu'à présent, il n'avait jamais eu à intervenir dans une querelle car aucune n'avait été aussi grave que cela. D'ailleurs si la situation se révélerait un jour suffisamment grave pour qu'il ait à intervenir, sa réprimande serait réellement terrible. Car ce n'était vraiment pas son rôle de jouer à ça, et ce serait une faute presque impardonnable de la part des juments concernées. Il n'avait jamais eu à jouer le chef tyran, mais si la situation l'exigeait il endosserait ce rôle sans hésiter. Ce ne serait pas avec plaisir mais par devoir, pour la sécurité de chacun... rien n'était plus important pour lui que l'unité du troupeau.

La belle Last demandait d'autres explications, encore. Sunny ne laissa en aucun cas voir son léger agacement. C'était vrai que ça l'ennuyait de devoir s'occuper de ces chichis entre juments, mais si c'était le prix à payer pour que la jolie jument se sente bien auprès de lui, il ne bronchait pas.

" - Si je puis vous donner un seul conseil, ce serait de vous montrer un peu discrète au début. Je pense que c'est l'unique attitude à adopter, pour montrer à ces juments que vous ne comptez pas bouleverser l'ensemble de la hiérarchie du groupe et 'mettre le bazar' dans leur vie bien ordonnée. Car c'est la seule et unique chose qu'elles craignent de votre arrivée. Aucune d'entre elles ne vous sera hostile à proprement parler, et si quand bien même vous ressentez ce sentiment, sachez que c'est uniquement à cause de cette unique raison. Mais toutes les juments ici présentes sont assez intelligentes pour se rendre compte rapidement que vous n'êtes pas une menace pour elles. Si vous ne voulez rencontrer vraiment aucun souci d'intégration, je vous conseillerai d'aborder en premier Upsilone - c'est la jument isabelle cuivrée que vous voyez là-bas, aux côtés de la pouliche palomino, Westlife. C'est la jument de tête du troupeau, la dominante et, par conséquent, son amitié vous vaudra le respect de toutes les autres. Personne ne songera alors à vous chercher des poux, elles voudront au contraire acquérir votre amitié à leur tour. De plus, Upsilone est une jument très intelligente et chaleureuse, elle n'aura aucune animosité envers vous. Ensuite, il serait aimable de votre part d'aborder également Sunday - la petite jument blanche à l'écart. Son physique singulier dans ces terres sauvages ne lui a pas permis de s'intégrer aussi bien qu'elle le mériterait. Je pense que l'amitié d'une proche de la dominante l'aiderait à être acceptée par les autres. C'est tout ce que je puis vous conseiller pour l'instant. "

-Merci Sunny. Merci de tes conseils et de bien vouloir m'aiguiller. J'espère mieux pouvoir me fondre dans le groupe sans faire trop de remous ainsi. Je veux être le moins contraignante possible. Et je pense pouvoir l'être grâce à tes indications. Si faire mine basse fait partie des codes, alors je ferai mine basse.

Elle inclina la tête en signe d'assentiment. Sunny était repassé au vouvoiement, mais elle ne lui en fit pa la remarque. Après tout, si cela lui convenait mieux, que pouvait-elle y faire? Rien, strictement rien, sinon l'accepter sans broncher. Elle regarda autour d'elle pour dénombrer le troupeau. Non, vraiment, elle n'y voyait nul étalon et n'y sentait nul étalon. Etait-ce parce que Sunny Diamond ne désirait pas en rallier ou parce qu'ils avaient d'eux-même décidé de se joindre à un autre? Last Chance n'en avait aucune idée et cela ferait partie des questions qu'elle poserait à Upsilone, une fois qu'elles se connaitraient mieux. Car Last' avait bien l'attention de se faire bien voir par la dominante, sans pour autant faire des ronds de jambes. Non, elle pensait que son naturel assez peu possessif et dominant.Son manque d'attachement risquait néanmoins de lui jouer de mauvais tours. Mais bon, elle ne comptait pas non plus partir sans un mot! Elle reposa son regard noisette un instant sur le dominant avant de laisser un soupir d'aise sortir.

Sunny apprécia vivement l'assentiment de sa jument et sa sagesse à accepter sa situation. Il savait que la situation d'une jument fraîchement arrivée dans un troupeau solide - et qui plus est pas très fourni - n'était jamais très aisé, il appréciait donc qu'elle comprenne ce qu'il avait tenté de lui expliquer.

" - Je te remercie de te montrer aussi conciliante. Surtout si tu rencontres le moindre souci au sein du troupeau, n'hésite pas à m'en parler, je verrai ce que je peux faire. Après tout, mon rôle est aussi de veiller sur le bonheur de mes juments... "

Léger signe de tête et les crins ivoires de l'étalon se balancèrent légèrement. Puis il releva la tête, scrutant l'attitude de la jument. Il la dévorait littéralement des yeux, ne se lassant pas d'admirer la merveille qu'il avait réussi à inclure dans son troupeau. Ses jolies formes, ses proportions parfaites, sa jolie tête et sa robe si particulière ! Il l'adorait et il ne cessait de l'observer. Rien de très discret, mais les chevaux sont plus libérés que les humains sur ce plan là ! Pendant une fraction de seconde, il crut voir une étincelle de curiosité dans les yeux doux de la belle jument. Il pointa ses oreilles vers elle, tout en gardant tous ses sens en alerte pour guetter un éventuel danger.

" - Si tu désires un renseignement particulier, n'hésite pas non plus à t'adresser à moi. Je me répète peut-être trop à ton goût, mais je suis réellement à ton entière disposition ma chère. "

Propos appuyé par un nouveau regard amoureux et embrasé. Il espérait que ses attitudes physiques assez explicites rattraperaient son langage assez distant, c'était sa façon de respecter ses juments en les aimant...